Marie-Fleur Lefebvre
"Il faut avoir du chaos en soi pour enfanter une étoile dansante" (Nietzche, "Ainsi parlait Zarathoustra")
Née en 1982, vit et travaille à Paris
Je travaille sur le lien intrinsèque entre l’être humain et la nature.
L’être humain fait partie intégrante de la nature, et pourtant, l’équilibre est fragile.
Nous nous entretuons et nous donnons la vie réciproquement.
Mon processus créatif est fait de deux niveaux. Le cyclique: couper, relier... (en réalité, la coupure est une disparition pour une réapparition). Et le second niveau, l’évolutif, celui qui avance, se transforme .Comme le fait par elle-même la nature.
Le gris lumineux de la toile en lin brut est celui de la poussière (cosmique ou non, toujours un peu), qui va selon son gré, de passage. Le carré est un espace infini, et représente le rêve d’un équilibre parfait entre l’humanité et la nature.
La peinture est un baume et son dessin sa souffrance.
Après avoir pris connaissance de l’article de Semper, qui écrit, qu’à l’origine de l’ornementation végétale, il y a le tissage, deux fils qui se croisent .... , je commence à travailler sur l’usure de la toile, à en écarter les fils ; ce qui crée des déformations à même la surface. Il s’agit pour moi de parler d’usure fraîche, tournée vers l’avenir.
Le fil de la toile fonctionne en échos avec les insectes fileux, une obsession de la précision pour quelque chose qui n’a pas de sens ou trop de sens. Vertige d’un rien et de sa présence. C’est comme si je disais que, je secrète une matière contre la sécheresse de ma peau. Je parle de régénérescence.
Dans ces allers retours et ces circulations, les limites m’intéressent; si floues, si présentes, si nécessaires. Elles s’intègrent dans des mouvements: expansion, énergie centrifuge, implosion / explosion, retombée, éparpillement, localisation, compression, entropie ...
Hémorragie d’une nature qui va mal ...?
Simple remous d’une marée qui suit son mouvement propre ?
Inspiration, expiration de l’eau pour combler les trous des enfants ?
Je travaille en secret avec d’autres médiums, qui, si ils fonctionnent verront le jour.
Paris, Novembre 2009